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UN AN DÉJÀ : RETOUR SUR NOTRE ACTIVITÉ EN TEMPS DE CRISE SANITAIRE



Cher(e)s ami(e)s,


Un an déjà depuis l’annonce du confinement, un an que le monde tourne au ralenti. Le temps s’est arrêté et a repris par vagues pour se figer à nouveau. Cette crise sanitaire exceptionnelle a mis nos libertés sous cloche et a fragilisé nos quotidiens, éprouvant tous les secteurs d’activité et la culture en particulier. Les théâtres attendent depuis de longs mois, avec impuissance et impatience, la réouverture des salles.


À Pôle en Scènes, aucun spectacle de la saison 2020-2021 n’a pu pour le moment jouer. Le Défilé de la Biennale qui réunit tous les deux ans plus de 500 danseurs amateurs brondillants, a été reporté à la fin du mois de mai dans un nouveau format. Depuis plusieurs mois, toutes les structures culturelles jonglent avec des scénarios de report, des hypothèses de reprise, des protocoles d’accueil public quasi hebdomadaires et toujours plus insensés. Autant dire que toute la profession avance chapitre par chapitre, pour ainsi dire dans le brouillard, et sans réelle perspective de reprise.


Pourtant et malgré ces difficultés, l’équipe de Pôle en Scènes, comme l’équipe du CCN de Créteil, à l’image de bien d’autres lieux, se démène au quotidien pour continuer à exister et à proposer de nouveaux formats pour le public, exploitant au maximum les minces fenêtres de tirs autorisées par le gouvernement afin de maintenir ce lien social si important en cette période délicate. Un an est passé et il est important pour nous de vous partager quelques chiffres qui témoignent de notre engagement et de notre responsabilité à se réinventer malgré tout.


Au Centre Chorégraphique Pôle Pik, nous avons proposé près de 150 cours en ligne à nos élèves pendant le premier confinement et lancé sur nos réseaux sociaux un défi confiné autour de la danse qui a rassemblé plus de 20 000 vues.

Fin août, l’assouplissement des mesures sanitaires nous a permis d’organiser un camp d’été où 106 personnes ont participé à 14 cours de danse répartis sur une semaine. Notre traditionnelle journée portes ouvertes a rassemblé plus de 250 personnes, heureuses de se retrouver enfin.

Depuis, jonglant entre les contraintes sanitaires et réadaptant sans cesse nos plannings au couvre-feu, nous avons pu maintenir 191 cours de danse sur 12 semaines d’ouverture, bien qu’aujourd’hui tous les cours de danse soient à l’arrêt.


Interdites au premier confinement, nous avons pu, dès le mois de juin, accueillir à nouveau les artistes en résidence. Au total, 23 compagnies ont pu retrouver le chemin des studios et 4 présentations aux professionnels ont pu être organisées.


À l’automne, le festival Karavel a – par chance – pu se tenir, offrant une véritable bouffée d’oxygène aux publics, artistes et professionnels du secteur. Malgré les protocoles sanitaires, pas loin de 9 000 personnes ont pu découvrir le travail de 39 compagnies dans 22 lieux partenaires du festival.


Dans cette ambiance d’incompréhension et d’incertitude, nous avons mis les bouchées doubles pour imaginer en janvier dernier un nouveau rendez-vous : le concours chorégraphique Dialogues, grâce à la collaboration avec le CCN de Créteil et du Val-de-Marne et le précieux soutien de la Caisse des Dépôts. Parmi 120 candidatures, 5 compagnies ont été retenues pour participer à une semaine de résidence à Pôle en Scènes.

Initialement pensé pour être joué en public, le concours s’est réadapté au contexte et nous avons proposé un spectacle en ligne où, pendant près de 3h de live, 26 danseurs ont proposé une parenthèse artistique pour les 4 500 spectateurs installés derrière leurs écrans à la maison. J’en profite pour saluer le jury d’exception présent à nos côtés ce soir-là.


Pour les plus jeunes, notamment en milieu scolaire, nous avons multiplié les rendez-vous : un Marathon de la danse avec plus de 2 000 élèves de 36 établissements différents, des ateliers de pratique artistique avec plus de 300 heures données dans les écoles, les centres sociaux ou encore les hôpitaux ainsi que 3 stages en cirque et en danse que nous avons pu maintenir pour 35 jeunes pendant les vacances scolaires.


Cette crise sanitaire nous a certes contraint à annuler tous les spectacles de la saison mais nous n’avons jamais renoncé à explorer de nouvelles pistes, de nouveaux formats, à élaborer de nouveaux contenus et de nouveaux rendez-vous. Les chiffres précédemment énoncés affichent la volonté commune d’une équipe tout entière, déterminée à maintenir le lien de partage et d’échange avec le public et les artistes.


Nous ne le répéterons jamais assez : l’art éclaire nos consciences et nous rend sensible au monde qui nous entoure. L’art demeure essentiel pour tous et merci à vous de l’avoir encore témoigné cette année. Octavio Paz disait que "C’est de l’isolement que meurent les civilisations" alors il est plus qu’urgent de réouvrir les théâtres !


Mourad Merzouki